mercredi 7 septembre 2011

Serions-nous tous devenus des « bons » photographes ? (2)




© Photo Yannick Vigouroux, « Août 2011 », 
de la série « Sans qualité » (titre provisoire)
(Samsung Nexus S Android Application « vignette »)





« Serions-nous tous devenus des bons photographes ? », c'est la question que je me posais récemment, découvrant les fonctionnalités des nouvelles générations de téléphone mobiles qui permettent, notamment, de faire de « faux polaroids », ou de la lomographie etc. Comme si, désormais, l'on ne pouvait faire que des « bonnes » photos. Cela me semblait trop facile et un peu suspect. J'ai multiplié les prises de vue avec une curiosité boulimique.

Finalement, « bonnes » ou pas, des images que j'ai ainsi réalisées, celles que je préfère sont celles qui me font penser à ces notions souvent évoquées ici et par mes amis : « images-sensations (Serge Tisseron) », «images précaires », « fragiles », « infimes » (titre d'une série de Marc Donnadieu ». Mes préoccupations esthétiques demeurent inchangées, elles sont les mêmes que celles qui m'animaient lorsque je réalisais mes premières « Littoralités » argentiques en 1996 à l'aide d'une box brownie Kodak 6 x 9 cm.

mercredi 3 août 2011

Serions-nous tous devenus des « bons » photographes ?



© Photo Yannick Vigouroux, « 2 août 2011 »
(Samsung Nexus S Android - Application « vignette »)





A la demande de Jean-Michel Verdan, sur la page Facebook qu'il a nommé « Devoir de vacances », je viens de publier cette image, accompagnée du commentaire : 

« Pas de vacances pour moi cet été hélas, mais je fais mon "devoir" comme promis, avec ce morceau de papier photographié hier soir à Paris, surgi comme un signe, une arabesque infime et fragile sur le sol...

On l'aura compris, j'aime le non-événementiel et déteste tout ce qui est spectaculaire, je préfère la "photo-sensation" à la "photo sensationnelle" (Serge Tisseron). »

Il y a un an, j'ai découvert les surprenantes fonctionnalités des nouvelles générations de téléphone mobiles qui permettent, notamment, de faire de « faux polaroids ». refusant ce qui me paraissait relever du gadget, sinon d'une « trahison » du « vrai » film instantané, un « faux » en quelques sorte, je me suis progressivement pris au jeu, et il m'est arrivé de plus en plus souvent d'emprunter les I-phones de mes amis, et depuis peu leurs Samsung Androïde, tout en refusant d'en acquérir un. La qualité des travaux d'amis tels que Rémy Weité ont fini par nuancer mon avis, à tel point que, mon téléphone venant de rendre l'âme, j'ai fini par en acquérir un (il est vrai que le prix était alléchant : 1 euro seulement !).

Jusqu'alors, ce qui m'intéressait dans la pratique de la photo avec le téléphone le plus basique possible ou le sténopé numérique, c'était de dégrader le signe ou le signal pour obtenir une image pauvre, floue, pixelisée...

Avec fébrilité, jubilation, je multiplie les prises de vue depuis hier ; je reste toutefois un peu dubitatif , il me semble désormais tellement facile de faire une « bonne photo » que je me pose cette question : serions nous tous devenus tout à coup des « bons », voire des « grands » photographes ?..

samedi 4 juin 2011

Ma box 6x9 cm est mon crayon de papier ou mon stylo bic


© Photo Yannick Vigouroux,
 « Vers Ischia, septembre 2007 »
 (Diana - F)





A propos de mon article, « Du doute comme outil créatif et critique », une personne m'a écrit :

« Bonjour, j'adhère aussi sans toutefois faire de distinction fondamentale entre appareils sérieux et appareils cheap pour le "quand cela est possible". »

C'est vrai que le plus important est la posture mentale etc. Si la technique n'est pas si importante, elle l'est un peu tout de même.

Mais oui, c'est vrai, on peut aussi photographier avec un appareil professionnel, « sérieux », comme un enfant ! Il n' a pas de règle en fait... Toujours est-il que, personnellement, je me sens plus à l'aise avec un petit boîtier amateur. J'ai une formation pro en photo et après trois ans d'école, je me suis senti libéré en l'adoptant (ou est-ce elle qui m'a adopté ?) de mes fixations techniques ou technologiques, j'y pensais tellement que je n'arrivais plus à photographier.

La box 6x9 a cm, comme les Holga et autres Diana, a pour moi la simplicité et légèreté du stylo bic ou du crayon de papier - j'utilise des ordinateurs, des logiciels de traitement de texte, mais je reste attaché à l'utilisation de ces objets humbles et manuels... comme à l'envoi de cartes postales (l'une des formes idéales d'ailleurs pour moi de la diffusion de mes "Littoralités") et d'autres rituels dont on a, en si peu d'années, parfois perdu le goût, l'usage...

« Du doute comme outil créatif et critique », journal des Boutographies de Montpellier, 18 mai 2011

jeudi 5 mai 2011

« Trapani, juin 2011 », ou le hasard bienveillant (2) ?



© Photo Yannick Vigouroux, « Trapani, Sicile, juin 2011 »
(Box 6x9 + pellicule Ilford FP 4 périmée)





Quelle déconvenue, tristesse de découvrir cette pellicule au grain étrange inégalement réparti, marbré. Il ne s'agissait pas de réticulation, mais d'autre chose. C'est vrai que j'ai utilisé en Sicile, comme souvent, en partie de la pellicule noir et blanc périmée depuis... 1990. Mais jusqu'à présent je n'avais pas rencontré de problème. Ces vues réalisées il y a presque un an auxquelles je tenais tant, étaient-elles définitivement perdues ? J'en ai parlé à un ami photographe, bien meilleur technicien que moi, car, faire de la Foto Povera d'accord, accepter les accidents inhérents au manque d'étanchéité des boîtiers, d'accord, mais il ne s'agit pas de faire n'importe quoi non plus, et n'importe! Mais Didier, non sans humour, m'a fait cette réponse belle et juste : « [concernant] la photo "à grains'', cela ne me dérange pas, on dirait, la mer étant à coté, que la pellicule est tombée dans l'eau et que cette eau en séchant a déposé ses grains de sel (et non pas d'argent!) ».

Le hasard bienveillant, une fois de plus (comme le regard de cet ami) ? …


A propos du « hasard bienveillant » :

samedi 30 avril 2011

« Vers Capri, 2003 »


© Photo Yannick Vigouroux,
« Vers Capri, fév. 2003 »
(Box 6x9)




Un voyage lent, en bateau, dans la baie de Naples, vers cet île idéalisée. Une vision fluide et pourtant figée, et ce sentiment de voir mieux, en tout cas autrement, malgré les vitres sales et l'eau qui les éclabousse...

Le titre du texte que Christian Gattinoni consacra à mes « Littoralités » en 2002, s'intitulait « Le lent cinéma d'une archéologie prospective. » J'aime ce titre et son rythme, de plus en plus.

La fenêtre-appareil de vision a quelque chose en effet d' « archéologique », d'une ruine en mouvement (derrière moi, Herculanum et Pompei sont à quelques km de là...), vivante.

Jeux d'opacités et de transparences, de silences et de bruits mécaniques et liquides, cristalisés dans la pellicule.

Un temps et un espace à part, que ma petite box 6 x9 me semble générer, une box litéralement « magique » comme l'Agfa Box de Günther Grass (Cf. son roman éponyme publié en 2010).

Je lis beaucoup en ce moment Jean Dubuffet : « Que le tableau se fasse d'un bloc et d'un seul élan. Pas de rapiècements, donc, ni plus de retouches qu'à une céramique refoidie. Laisser tous les manques et les défauts. » C'est ce dont je rêve en photographie, et dans tous les domaines d'expression.