lundi 1 février 2010

« En longeant les choses » de Patrick Galais




© Photo Patrick Galais, de la série « En longeant les choses, 2004 »



Un autre voyage photographique, non pas en train, mais cette fois à bicyclette, auquel j'avais consacré un texte en 2004. Avec celui de Patrick, en voici un extrait ...


« en longeant les choses -Aout 2004.


Cette route à prendre est bordée d'espaces humains, parfois mutilés, qui nous concernent et nous regardent. Je sais que ce ne sera pas une "enquête" sur le paysage ou les espaces péri-urbains en mutation, et que ces espaces parfois vides, ou à l'abandon temporaire ne sont pas déshumanisés pour autant. Après le reportage et l'ailleurs, l'architecture, le rapport à l'autre dans le portrait, à la présence humaine dans les longs temps de pose du sténopé, je cherche encore, peut-être prétentieusement, mon humanité photographique dans cette humanité là. Les 2400 km accumulés seul à vélo, la tête reliée au pédalier vont faire office de machine à visionner, à laver des images et des pensées nombreuses, joyeuses ou douloureuses. Les images réalisées pendant ces trois semaines m'ont par la suite laissé perplexe quelques temps, sans yeux pour les voir ni voix pour les dire. Je ne les reconnais pas. L'errance a bien fait son effet... Il me faudra comprendre ces images, cette errance. Au delà de cette quête, cet état des choses et des lieux parle d'un monde qui perd parfois de sa compréhension, de sa poésie visible. Un monde qui ne sera plus pareil. Le temps de l'engagement-photographie m'apparait de nouveau... Le paysage était jusqu'alors pour moi l'innocence du regard retrouvée. J'aimerais bien y croire encore, sans m'y attarder.


Patrick Galais, 2004. »



« en longeant les choses


En longeant les choses, un road-movie photographique à la française, accompli avec cette mythique et sympathique bicyclette, à laquelle nous nous identifions tant dans ce pays : du facteur de Jaques Tati au Tour de France, ce moyen de locomotion évoque aussi dans notre mémoire des images lumineuses d'après-midi d'été, la transparence de fragments d'enfance où le paysage défile lentement. Ce voyage en images fixes est par ailleurs référencé à des signes vernaculaires hérités de la photographie et du cinéma américain qui font désormais partie du lexique visuel classique de tout photographe. [...] Faisant semblant de seulement longer les choses et de ne pas entrer dans le vif du sujet, Galais aborde en réalité frontalement, l'air de rien, les questions fondamentales de l'enregistrement du temps et de l'espace en photographie. Avec la sereine désinvolture du flâneur, là ou d'autres consacrent des essais parfois abscons à cette problématique, il préfère se promener à bicyclette dans un temps ralenti et dans l'espace photographique étiré.


Yannick Vigouroux, mars 2005. »


http://www.patrickgalais.com/


Aucun commentaire: