lundi 6 juillet 2009

Une exposition de Polaroïds : POL / A, label hypothèse, galerie Nivet-Carzon, Paris, du 25 juin au 1er août 2009



Photos Alesandro Liuzzi et John Cornu





Inventé comme ses versions profesionnelle par Edwin H. Land (le premier appreil, le Polaroïd Land, apparaît en 1947), le Polaroïd amateur (le Procédé SX-70, et plus tard le Polaroïd 600) connaît un formidable essor dans les années 1970, chez les « amateurs ». Il apparaît aussi dans la production de fin de vie d'artistes d'André Kertész et de Walker Evans (lui qui jugeait pourtant, trente ans, plus tôt, la « couleur vulgaire » !). Durant cette décennie, des photographes américains, ne pratiquant pas forcément le Pola, mais en tout cas la couleur, tels que William Eggleston ou Stephen Shore aux Etats-Unis, Daniel Boudinet en France (l'un de ses Polaroïds - des rideaux verts laissant filtrer une lumière doucement diffuse, est d'ailleurs reproduit au début de La Chambre claire de Roland Barthes, 1980), revendiquent celle-ci comme un moyen d'expression artistique à part entière...

Ce sont aussi les interventionnistes, land-artistes et autres body-artistes qui eurent recours à ce moyen rapide et pratique de garder la trace d'une intervention éphémère.

Enfin, dès les années 1980, des artistes tels que Knut Marron ou Corinne Mercadier ont pris le parti de reproduire et d'agrandir leurs polaroïds, afin de mettre en évidence le grain, le contraste et la matière si spécifique et séduisante de ceux-ci...


Photo Clotilde Noblet



Ecriture spontanée, prise de note visuelle... , le Polaroïd, dans lequel Robert Frank inscrit, grattant la gélatine, des mots très simples, ordinaires, a depuis le début parti liée avec l'autobiographie, le journal intime et le topique du banal. L'inimitable bruit sourd et mécanique du pola surgissant de l'appareil magique après le déclenchement, puis l'apparition progressive de l'image unique et miniature, sont indéniablement séduisants !...

Preuve du nouvel engouement que suscite ce procédé, qui a failli disparaître totalement, environ 800 visiteurs auraient été présents lors de l'inauguration le 25 juin dernier !
L'ambition de la galerie est de montrer, et de mettre au même niveau, qu'il s'agisse des tarifs et du mode d'exposition, les Polaroïds de photographes très reconnus voire très reconnus (Lise Sarfati, Araki...), avec ceux d'autres artistes reconnus, débutants.

L'accrochage est remarquable et reflète parfaitement ce parti pris : sur deux murs, courent les minuscules polas intimistes, collées sur un carton neutre carré, inscrits dans un cadre blanc, sur quatre niveaux. Pas de cartels, d'indication de noms...

Hélas, les artistes n'ont pas tous joué le jeu et il existe de grandes disparités de prix. 2000 euros pour un Pola de plasticien, alors qu'un collectioneur averti et aisé pourrait s'offrir, pour quelques milliers d'euros de plus, aisément, un Walker Evans... Dans les prix réalistes et modérés, signalons quelques travaux très aboutis, dont certains sont formellement radicaux :

Clotilde Noblet, l'une des plus talentueuses polaroïdistes françaises actuelles, exposée d'ailleurs il y a quelques mois dans Foto Povera 4, dans l'atelier de Jean-Luc Paillé ( Cf. http://fotopovera.blogspot.com/2008/06/la-srie-de-polarods-sx-70-alice-raide.html)


Photo Dominique Mérigard




Ou encore Dominique Mérigard, avec ses images intimistes aux subtiles jeux de lumières et de transparences... ou Nelson Aires, qui propose un radical fondu au noir : un Polaroïd entièrement noir !



POL / A

du 25 juin au 1er août 2009
label hypothèse
Galerie Nivet-Carzon, Paris
40, rue Mazarine
75006 Paris
+33 (0)9 54 29 30 10
galerienivetcarzon@gmail.com
http://www.nizet-carzon.com/
ouvert du mardi au samedi de 14 h 30 à 1930

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