jeudi 20 novembre 2008

« A propos de " Revenir ? Part I et II "», par Emmanuel Madec

Photo Emmanuel Madec, de la série « Revenir ? Part I » (Holga)







« En deux parties distinctes, " Revenir ? " livre l'expression d'un état psychologique.
L'ensemble photographique est construit d'images-mémoires qui balisent un parcours marqué par un éloignement progressif, non prémédité et attisé par le sentiment qu'il faudra aller loin. Loin de quoi ?
Il y a un jeu mental entre ces deux parties, où la seconde s'invite dans la première, et d'où s'échappe une certaine fébrilité. L'entrelacement de " Revenir ? " joue sur la récurrence des motifs et forme le fil d'un cheminement exploratoire à deux versants.

Ce cheminement, c'est l'expérience de la distance qui engage avec elle le doute. Le même doute qui s'installe entre l'objet photographié, déjà avalé par le temps, et l'apparition de son absence après la période de " black out " nécessaire. Arrive alors le moment des articulations entre les images, muettes par essence, mais d'où émane une tension qui parfois, par un mimétisme des ondes, ressemble à s'y tromper à des sons, des bruits. Les sons du dehors et du dedans, les murmures et les frottements du monde extérieur trouvant leur écho dans des battements intérieurs.

Le parcours de " Revenir ? Part I ", est celui de la pratique de l'instant, se dirigeant vers la pratique de la contemplation, et à travers lequel apparaît la conscience d'un monde intérieur à considérer différemment. " Revenir ? Part II " montre ce monde intérieur de manière trouble et insondable. Les éléments composant ces images, laissent penser qu'ils se faisaient auparavant engloutir dans l'oubli, avant d'être rattrapés in extremis.

Ce travail aurait pu être réalisé avec un autre appareil que l'Holga. Mais, cet instrument a la singularité d'enregistrer la lumière avec mélancolie et donne la sensation que les choses sont vues depuis le plus profond de l'être. C'est aussi parce qu'il est peu coûteux, que je n'y suis pas attaché et que je peux le casser. Dans les deux sens : je ne crains pas qu'il se brise et je me réserve le droit de le détruire. Cela correspond à l'état transitoire que l'on peut partiellement identifier dans cette double série photographique. »

(Emmanuel Madec, nov. 2008)

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